Voyage au travers des émotions

« Ce temps qui court et qui te semble toujours trop court, la fugacité de l’instant qui te file constamment entre les doigts, rendent les adieux difficiles, parfois déchirants. »

 

Nous étions si peu préparés à ce qui nous attendait. Ce fut le premier jour où j’ai épousé la route. Tête baissée, tu plonges dans le premier jour du reste de ta vie et tu vas devoir faire face à une quantité incroyable d’émotions différentes. Plus fort mais pourtant si fragile. Tout devient prétexte pour verser une larme, un coucher de soleil incroyable où le partage d’une poignée de main… un regard.

Dans l’attente du départ

Ça y est, la décision est prise : je veux partir. Les destinations principales sont choisies, les billets sont pris, souvent à l’avance de plusieurs mois, sauf cas extrême, il n’y a pas de retour en arrière. Mais la préparation ne s’arrête pas qu’aux billets, loin de là. Une pincée de stress s’immisce aux côtés de l’excitation, tant de choses sont à prévoir.

Les proches sont souvent malgré eux une source de doute, car les mêmes questions reviennent sans cesse : « C’est bien tu pars, mais tu vas faire comment là-bas ? Tu vas vivre de quoi ? Tu vas y arriver ? » La détermination est la clé qui ouvre la voie à ces nouveaux horizons. Partir voyager et vivre autre part est une expérience uniquement personnelle. On le fait pour soi. On ne sait jamais ce que cette aventure va pouvoir nous apporter, mais une chose est sûre : on en ressort toujours différent, grandi, avec un autre regard sur des contrées et des gens dont on a uniquement entendu parler qu’à écrans interposés. Les moments d’adieux ou d’au revoir deviennent un bouillon de rires, de larmes, d’étreintes. On ne garde que le meilleur dans la tête.

La découverte, l’émerveillement des premiers pas sur une terre inconnue jusqu’à présent, a quelque chose d’unique. Entendre les gens parler une autre langue, se renseigner, observer les devantures, les paysages remplis de couleurs. Au fil des jours, Les rencontres se tissent. Le monde vous aborde avec un sourire, la curiosité délie les langues et on apprend des autres. Les voyageurs trouvent sur leur chemin d’autres voyageurs, ils convergent. Le savoir se transmet, les bonnes adresses, les petits jobs disponibles, les anecdotes de voyages et de vie font rires les uns et les autres. Comme souvent, les tranches de vie d’autres cultures sont une source d’apprentissage énorme pour celui qui le souhaite. La plupart des gens seront honorés que quelqu’un d’étranger s’intéresse à leur histoire. Lorsque l’on pousse doucement la porte de la curiosité, on trouve des trésors derrière.

Voyager n’est pas inné. L’apprentissage guide chaque pas et comme un nouveau-né, on gravit certains échelons. Le doute sera un passage obligatoire dans ce cercle vertueux. La routine, la perte d’identité, la mise entre parenthèses de certains projets importants ou les obstacles à franchir toujours plus hauts. Voyager nous montre les limites, le but ultime étant de les dépasser mais parfois c’est beaucoup plus difficile. Les guides conseillés ne sont pas présents, il ne reste que le livre arbitre et la conscience. Qui suis-je ? Où vais-je ? Il faut retrouver l’importance de l’idée qui nous a mené jusqu’ici. S’ouvrir à la satisfaction de soit même et de ses actes, se rendre compte du chemin déjà accompli pour ouvrir de nouveaux horizons. Prendre le temps de s’écouter et d’écouter son corps, notre moyen de transport. « Je suis fatiguée… ».

La perte d’identité est une étape importante à passer. Je ne suis plus la même personne que lors de mon départ… Mais alors qui suis-je ? Chaque interrogation renforce la personnalité. Nous devrions alors nous poser les bonnes questions. Qui je suis vraiment ? Voyager permet de se retrouver en face à face avec soi-même. C’est dans l’inconfort que l’on se découvre vraiment et les projets deviennent plus concrets. La bataille pour la recherche d’identité encre certaines de nos envies et nous nous battrons pour celles-ci. Le flou de soi mène au doute, deux choix s’offre à nous : Se battre pour se remettre en question ou retrouver le confort passé.

« Les émotions deviennent une forme d’intelligence lorsqu‘un sujet possède la capacité de les identifier, de les comprendre, les utiliser, les exprimer et les réguler. Elles deviennent alors un véritable outil au service de la connaissance, permettant d’accéder à des capacités nouvelles. » Daniel Goleman (1946-)

Et puis tu es heureux, si heureux que tu pourrais toucher le ciel. Un instant, une seconde qui te change la vie, qui te fais devenir encore meilleur mais que tu ne garderas que pour toi car trop intime. Tout devient un peu plus réel et on se surprend à prendre le temps de s’émouvoir. Un regard échangé, une rencontre. Ensemble la route sera plus facile et parfois certaines rencontres sont plus importantes que d’autres. « Nous nous reverrons… » et souvent, on a bien fait d’espérer. Le voyage me fait croire au destin, on ne rencontre personne par hasard.

Et après ?

Le retour au pays, en quelque sorte. Revoir ses proches, ses amis. Mais aussi laisser tout le reste derrière, et garder en soi les choses essentielles, tout ce qu’on a appris durant ce périple.Un mélange d’émotions à la fois positives et parfois moins s’entrechoquent. L’envie de partager ce qu’on a vécu, tous ces moments de joie, de découverte et de galère se heurte de temps à autres à un décalage de vie avec nos proches. Passé le décalage horaire et ces quelques jours de retrouvailles, l’esprit vagabonde et se plonge par instants dans une mélancolie de l’inconstance de l’odyssée que l’on a vécue. La monotonie se fait sentir comme jamais et on tente comme on peut de pallier au manque de rencontres et de découvertes, jusqu’à un nouveau départ.

Manon et Julien

Auteur: marie

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